Comprendre la rhinoplastie
PRÉAMBULE
Parce qu’elle est un élément capital dans la recherche du bien-être, de la réussite, de l’harmonie avec soi-même, la beauté est devenue l’exigence de tous. Si pendant longtemps on l’a considérée comme un don du ciel, aujourd’hui la chirurgie esthétique permet de l’acquérir. Non sans quelques contraintes physiques… et financières.
C’est une décision importante qui ne doit jamais être prise à la légère tant ses répercussions sont importantes sur le plan physique bien sûr, mais aussi psychologique. Elle ne doit pas être motivée pour une tierce personne ou pour en obtenir des bénéfices secondaires (« je le fais pour faire plaisir à… »), mais pour soi-même.
La rhinoplastie est probablement la plus difficile des interventions esthétiques car « le nez est placé au milieu du visage » comme une véritable « enseigne ». C’est pourtant une opération courante (entre douze et quinze mille opérations chaque année en France). Elle a pour but de corriger un nez imparfait sur le plan esthétique bien sûr, mais aussi sur le plan respiratoire. La gêne respiratoire est un élément important dans la décision opératoire qui sert volontiers au patient de « motivation détournée » ou de prétexte pour consulter.
LE PROJET DE RHINOPLASTIE
Les consultations préopératoires sont capitales pour ce type d’intervention car une entente parfaite (voire une « symbiose ») est indispensable entre le futur opéré et le chirurgien. L’évaluation portera non seulement sur les défauts à corriger mais également sur le retentissement psychologique.
Aussi indispensable que la radiographie pour le chirurgien orthopédique, le chirurgien plasticien devra disposer de documents photographiques préopératoires selon plusieurs incidences (face, profil, trois-quarts, incidence basale), au repos et durant le sourire.
Ces photographies permettront une analyse précise des défauts à corriger (changer les proportions, modifier la forme ).
Elles seront comparées à des clichés post-opératoires pour juger de façon objective, l’amélioration obtenue. Véritable contrat établi entre le patient et le chirurgien, elles constituent en outre une base médico-légale de l’état initial. Les nouvelles technologies comme l’informatique sont un apport intéressant à l’analyse photographique du futur nez. En effet, à la demande de la patiente une simulation sur ordinateur peut être réalisée afin de mieux visualiser les corrections qui vont être apportées.
LA TECHNIQUE
Le nez a pour particularité d’être une structure complexe en 3 dimensions « reposant sur le vide » et maintenue par ses attaches osseuses ; sa laxité est liée à ses composantes cartilagineuses et tissulaires.
Le squelette du nez peut être considéré comme un toit, supporté par une cloison. Les côtés du toit comportent une portion osseuse en haut, constituée par les os propres et les branches montantes des maxillaires supérieurs, et une portion cartilagineuse en bas (cartilages triangulaires). La cloison nasale est également constituée de deux parties osseuses et cartilagineuses. Deux arches cartilagineuses souples (les cartilages alaires), viennent enfin définir la pointe du nez et la columelle.
Ainsi, le nez est composé d’éléments anatomiques multiples et complexes dont chacun peut être le siège d’une déformation, d’une altération inesthétique ou fonctionnelle, et peut faire l’objet d’un geste chirurgical précis (os, cartilage, muqueuse, cloison ou peau). Dans la majorité des cas, les rhinoplasties de première intention sont des rhinoplasties de réduction, avec raccourcissement du nez et abaissement de la ligne de profil (bosse). L’intervention est habituellement réalisée sous anesthésie générale apportant un meilleur confort pour le patient et le chirurgien. Celle-ci est réalisée par une voie dissimulée, dite voie endonasale où les cicatrices sont cachées à l’intérieur des narines ; plus rarement dans les cas difficiles (chirurgie de la pointe, nez dévié, rhinoplasties secondaires…) s’impose une voie externe entraînant une petite cicatrice temporaire. On effectue ensuite un décollement des tissus mous qui tapissent le squelette nasal dont l’architecture est à modifier. Les modifications porteront, au niveau de la pointe, sur les structures cartilagineuses dont la forme et les dimensions vont conditionner la projection et la forme du lobule. Une fois le modelé de la pointe obtenu et après une éventuelle correction de la cloison nasale, l’intervention s’intéressera à la correction du nez osseux par la résection de la bosse qui peut se faire à la râpe ou au ciseau à frapper.
Cette résection de la bosse osseuse du nez va être à l’origine d’un aspect en « toit ouvert ». L’harmonisation du nez va alors nécessiter des ostéotomies latérales qui vont permettre d’impacter les deux volets osseux pour d’obtenir une arête fine et régulière. De nombreux artifices techniques complémentaires existent notamment avec l’utilisation de greffons osseux ou cartilagineux pour parfaire le résultat. Dans certains cas, en fin d’intervention, des narines trop larges peuvent justifier une plastie narinaire de réduction, conduisant à de toutes petites cicatrices au coin des ailes du nez. L’aspect de nez en « prise de courant » sera ainsi évité sans séquelles. L’intervention se termine par la fermeture des incisions, la mise en place de mèches (tampons), et une attelle modelante de contention (plâtre, résine), pour maintenir en place la forme du nouveau nez et pour éviter le saignement post-opératoire.
LES RISQUES
Comme toute intervention chirurgicale, la rhinoplastie présente des risques théoriques de complications, qui sont cependant exceptionnelles (saignement, infection…). En cas de résultat insuffisant une correction chirurgicale ou médicale peut être proposée.
LES SUITES OPÉRATOIRES
Après l’opération qui aura duré une heure à une heure trente, le patient pourra parfois rejoindre son domicile le soir même de l’intervention (chirurgie ambulatoire), mais dans la plupart des cas 24 heures d’hospitalisation sont souhaitables. Contrairement à certaines idées reçues, les suites sont complètement indolores, L’opéré ressent tout au plus une gène respiratoire comme « un gros rhume ». Le nez coule, les yeux sont légèrement enflés pendant quelques jours. Les ecchymoses sont inconstantes et disparaissent au bout de huit jours. Les mèches endonasales sont retirées au plus tard le 4° jour post-opératoire selon les circonstances. La contention externe (attelle en résine ou plâtre) sera ôtée vers le 8e jour lorsque la consolidation osseuse aura commencé. L’opéré est présentable aussitôt après l’ablation du plâtre mais le nouveau nez encore gonflé ne prendra sa forme définitive qu’au bout de 3 mois environ. Cependant dès le 1° mois on aura déjà une bonne idée de son aspect définitif.
PRÉCAUTIONS
Il faudra bien évidemment totalement éviter les sports violents et le soleil pendant les 15 premiers jours; puis éviter les expositions solaires prolongées pendant 3 mois car le nez opéré gonfle volontiers avec la chaleur. Le port de lunettes sera prudent pendant 1 mois car celles-ci pourraient déformer l’arête encore mal consolidée (l’utilisation de lentilles jetables pourrait être intéressante). L’aspirine ou ses dérivés doivent être prohibés pendant les 15 jours qui précédent et qui suivent l’intervention car ils favorisent le saignement.
LE RÉSULTAT
Il s’efforcera d’être le plus possible conforme au projet établi lors des consultations préopératoires. L’opération du nez reste l’intervention la plus délicate de chirurgie esthétique et doit absolument être confiée à un spécialiste expérimenté chirurgicalement et qui possède de plus un sens aigu de l’esthétique.
Il est rare qu’un nez soit « raté ». Par contre, il peut arriver qu’il nécessite une petite retouche. Mais celle-ci ne pourra pas se faire avant au minimum 6 mois à un an. L’opération sera alors plus « bénigne » avec des suites opératoires plus simples.
QUAND FAUT-IL ENVISAGER UNE RHINOPLASTIE ?
La rhinoplastie peut être envisagée dès l’âge de 16 ans (parfois plus tôt), lorsque la croissance nasale est terminée, et que l’enfant formule clairement sa demande. Cependant la majorité des interventions est pratiquée entre 20 et 40 ans, exceptionnellement après 60 ans. Même si cette intervention a un effet rajeunissant très net, les préoccupations esthétiques du sujet plus âgé se déplacent vers le lifting ou la chirurgie du regard (lifting temporal, blépharoplasties).
CONTRAIREMENT AUX IDÉES REÇUES
– La rhinoplastie ne fait pas mal et les suites opératoires sont simples – La rhinoplastie n’est pas une « petite intervention » qui se décide sur un « coup de tête » et qui peut être effectuée dans l’urgence. – La rhinoplastie ne doit pas modifier le caractère d’un visage
EN CONCLUSION
Plus de la moitié des interventions de chirurgie esthétique sont effectuées au niveau du visage et la rhinoplastie représente chaque année douze à quinze mille interventions. Comme toutes les interventions de chirurgie esthétique elle comporte des risques et impose une parfaite adéquation entre les désirs de l’opéré et les objectifs du chirurgien. Au moment de poser l’indication opératoire il ne faut jamais oublier que ce nez appartient à un visage, et ce visage à un être à la recherche de son identité morphologique. Ne pas le décevoir, c’est l’engagement que doit prendre le chirurgien à la fois bon technicien (c’est indispensable), artiste (c’est souhaitable) et psychologue (c’est essentiel). Avec de bonnes indications, cette intervention donne dans l’immense majorité des cas de très bons résultats.
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